Scop Clarenson, quand la haute couture s’exporte

Publié le 8 octobre 2019

 

 

Repris en 2016 sous forme d’une société coopérative, le tissage Clarenson implanté à Castres depuis 1923, a fait le pari du haut de gamme à l’international. Portées par la tendance, leurs créations en tweed fantaisie défilent sur les podiums des plus prestigieuses maisons de couture : Alexander Wang, Missoni, Zuhair Murad, Alexandre Vauthier, Tory Burch… 

Sur les métiers à tisser, chaîne et trame se croisent plus vite que l’œil pour laisser apparaître dessins et coloris. Franck Delon pose sur le tweed fantaisie qui se déroule un regard amoureux et vigilant : c’est sa collection qui prend forme. Le tissu partira très vite vers d’autres continents. Japon, USA, Chine, Corée, Italie ou Espagne : 80% de la production sont destinés à l’export, pour le secteur de la haute couture.

Clarenson : ce nom bien connu à Castres aurait pu disparaitre au milieu des années 2010, devenant, comme pour d’autres entreprises textiles, le souvenir d’un passé grandiose mais révolu.

C’était sans compter sur une poignée d’irréductibles passionnés, viscéralement attachés à leur métier, qui ont décidé de relever le défi : en 2016, autour d’Ivana Castel et de Franck Delon, neuf salariés reprennent le flambeau et les commandes de l’entreprise en difficulté.

Leur crédo ? Se positionner sur la fabrication de tissu haut de gamme, essentiellement du tweed fantaisie, et cultiver l’image du savoir-faire à la française. Pour définir la Scop Clarenson, Franck Delon joue sur les contraires : « Nous sommes des artisans industriels. Nous fabriquons 100 000 mètres de tissu par an, c’est une goutte d’eau par rapport aux grandes unités. Cela nous permet d’être exigeants sur la qualité, de travailler sur la sélection des fils, d’oser la créativité et surtout d’être réactifs. Si un client au Japon veut 20 mètres d’un tissu unique dans une semaine, on sait le faire. »

Derrière la production, Ivana Castel entre en piste pour peaufiner la relation client. « Retrouver la crédibilité nous a pris du temps. Aujourd’hui, on est connu et reconnu à l’étranger sur la qualité de notre travail, notre capacité à livrer dans les délais, à comprendre les attentes et à y répondre. La confiance se construit sur la durée. »

Solide sur ses fondamentaux, l’entreprise est aujourd’hui prête à explorer d’autres domaines. Sans vouloir grandir au-delà du raisonnable : « Pour les survivants de la grande époque du textile tarnais, il n’y a d’existence possible que sur des marchés de niche », explique Franck Delon. « À cette échelle, on peut être performant, innover, et continuer à vivre notre passion. »

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